Culture, gouvernance et qualité… Voilà les 3 priorités en matière de « Data Strategy » sur lesquelles les entreprises s’accordent cette année encore [1], quels que soient leur secteur d’activité, leur plaque géographique ou leur maturité sur ces sujets.
Et ce depuis plus de 5 années consécutives alors que le monde connait une accélération sans précédent avec dans son sillage son lot d’injonctions (à priori) paradoxales…
Figure 1: L’injonction paradoxale à l’échelle de l’entreprise
La multiplicité de ces changements tant en fréquence qu’en nature, met à mal l’entreprise et l’ensemble de son écosystème. Alors pour préserver sa « santé » (business model, performance, pérennité…), le besoin de fiabilisation et de valorisation de l’information devient chaque jour plus prononcé.
Avec encore et toujours le même objectif : mieux décider pour mieux agir (cf. notre article « La Gouvernance de Données : votre passeport vers la création de valeur »). Pas étonnant dans ce contexte que la Self-BI trouve une nouvelle fois sa place au top 5 des tendances Data, BI and Analytics de 2022 selon BARC [1].
Figure 2: « Data, BI, and Analytics Top trends » 2022 selon BARC
Car tout l’enjeu est là : bâtir le socle technologique, organisationnel et culturel nécessaire à l’autonomisation des métiers (indépendance ET responsabilité) en matière de consommation du patrimoine informationnel de l’entreprise. De sorte que l’intelligence économique devienne une compétence décentralisée qui concourt au développement de l’intelligence collective.
En clair, c’est donner la capacité aux utilisateurs finaux d’accéder à des sources de données fiables et d’en tirer la valeur attendue en construisant et en déployant leurs propres analyses et reportings (voire modèles de données pour les plus aguerris), et ce sans recourir à l’IT.
Il s’agit donc de créer au sein même de l’entreprise un nouvel écosystème fondé sur la confiance et répondant à de nouvelles règles d’engagement visant à concentrer, orchestrer et associer données, compétences, processus et personnes.
[1] Data, BI and Analytics Trend Monitor 2022, BARC – Business Application Research Center
Les promesses de la Self-BI sont nombreuses et ont toutes pour objet la valorisation du patrimoine informationnel de l’entreprise :
Pour autant, ces promesses ne pourront être tenues qu’à cette unique condition : une transition IT réussie vers le Data Enablement. En d’autres termes, la mise en œuvre et le support efficace de l’architecture et des processus qui garantiront que la bonne information soit délivrée à la bonne personne et au bon moment afin qu’elle puisse prendre la meilleure décision possible et agir en conséquence. Et ce en conformité avec les standards éthiques, réglementaires et de sécurité qui s’imposent à la structure.
Sans pousser trop loin la métaphore, le modèle culturel de l’iceberg d’Edward T.Hall s’applique ici parfaitement : les parties immergées (c’est-à-dire la valeur produite) n’étant que l’expression des parties submergées (rassemblant prérequis et fondamentaux).
Figure 3: La Self-BI, le changement de paradigme
La Self-BI n’est donc pas uniquement une affaire d’outils et elle ne peut se limiter aux seuls talents du bricoleur. Bien au contraire ! Elle s’inscrit dans une démarche globale relevant davantage du programme de transformation que du projet de déploiement applicatif.
Sur le plan technologique, on portera une attention particulière à la performance et la scalabilité de la plateforme qui soutiendra la démarche :
Sur le plan organisationnel, il conviendra de créer et orchestrer de nouveaux rôles dédiés à la valorisation de la donnée comme à sa collecte et à son façonnage amont. In fine, c’est l’animation d’une communauté data rapprochant équipes métiers et IT/BI qui représentera l’un des facteurs de succès de la démarche en relayant notamment :
Trouver le bon curseur, la bonne approche, la bonne architecture sont autant de challenges auxquels il faudra se confronter pour mettre en œuvre le plus efficacement une démarche de Self-BI.
En conséquence, une recommandation s’impose : définir une feuille de route adaptée, privilégiant preuves de concepts et autres « quick wins » ou effets démonstrateurs en s’appuyant en premier lieu sur les populations métiers les plus matures tant en termes de compétences que d’usages.
Et cette logique « des petits pas » s’illustre particulièrement en matière d’architecture. Comment bâtir un socle technologique qui réponde à l’ensemble des usages de la donnée au sein de l’entreprise ? Et par conséquent, comment intégrer les besoins liés au déploiement de la Self-BI ?
Les réponses à ces questions épineuses ne tombent jamais du ciel. Pourtant, nombreuses sont les organisations qui se tournent vers les nuages… D’ici 2025, 50% des entreprises appuieront leur transformation métier sur des architectures cloud distribuées, justifiant une place au top 3 des priorités achat dès 2023[2].
Et les motivations sont claires : plus simple, plus performant, plus agile et moins cher, avec en prime la possibilité souvent alléchante de changer de modèle de coût (du CAPEX vers l’OPEX) et de diminuer le TCO (Total Cost of Ownership) du SI. Un environnement tout désigné pour garantir l’ATAWAD (Any Time, Any Where, Any Data) recherché par l’implémentation d’une démarche Self-BI.
Simplification et valorisation : telles sont les attentes de ces architectures DaaS (Data as a Service) telles que rencontrées dans de nombreuses organisations puisqu’elles facilitent :
Figure 4: xOPS – les clés d’une transition réussie vers le cloud
Et ces tendances à la modernisation des socles data ne rencontreront de succès et de ROI raisonnable (Return On Investment) qu’à condition de porter une attention particulière aux points suivants :
C’est donc en prenant « le virage des Ops » et en rapprochant les métiers du développement, de la sécurité, des opérations et des finances autour de la donnée et dans un cadre collaboratif efficace, que ces architectures donneront pleinement satisfaction.
Des choix forts et des investissements lourds qui figurent parfaitement de l’iceberg présenté plus haut et de l’ampleur de la tâche concernant l’implémentation de la Self-BI comme outil de pilotage de l‘entreprise par la donnée.
Et les différents fournisseurs du domaine en conviennent, car si les principaux acteurs présentent des solutions aux fonctionnalités similaires, c’est bien sûr les points présentés plus haut que la bataille fait rage.
Figure 5: Magic Quadrant pour les plateformes d’analyses et de Business Intelligence
En effet, les principales fonctionnalités qu’il faudra rechercher dans un outil de Self-BI sont les suivantes :
Toutefois, il ne s’agit là que d’une base commune aux différents outils d’un marché ultra compétitif, ne permettant plus de les départager.
Il convient alors de se focaliser sur des critères relevant davantage du contexte d’implémentation de ces solutions que de leur valeur intrinsèque :
[2] 100 data analytics predictions through 2025 – GARTNER
Finalement, la question n’est pas là. Et pour une fois, elle n’est pas non plus dans le « Pourquoi ? », la valeur potentielle pour l’entreprise n’étant plus à démontrer, quel que soit le domaine[3][4]. La question réside bien dans le « Comment ? ».
Figure 6: L’impact de l’analyse de données en temps réel par métier et secteurs d’activité [3][4]
La Self-BI n’est pas une fin en soi mais une composante essentielle d’une stratégie globale de valorisation de la donnée au sein de l’entreprise, visant à renforcer le pilotage de la performance Métier, accélérer et fiabiliser la prise de décision.
Elle représente un palier de maturité dans le rapport de l’entreprise à la donnée, et doit s’inscrire dans une démarche stratégique à moyen/long terme, mobilisant de nombreuses parties prenantes afin d’opérer le changement de culture associé.
Figure 7: La Self-BI, une question de maturité [5]
Selon le référentiel du CMMI, un niveau de maturité « Defini » (3 sur une échelle de 5 niveaux), c’est-à-dire présentant des standards décrits et en application sur chacun des axes du modèle DMMSM, semble représenter une base solide pour l’implémentation efficace et sereine d’une démarche de Self-BI.
En 2023, 30% des organisations collecteront la valeur issue de leurs données via l’intelligence collective déployée au sein de leurs communautés Data, dépassant leurs concurrents ne comptant que sur leur centre d’excellence dédié ou démarche de self-service [2].
L’analyse n’est donc que la partie immergée de l’iceberg « Self-BI » dont la stabilité repose sur les étapes clés suivantes :
Figure 8: La Self-BI, une composante essentielle de votre stratégie Data
[3] Fueling growth through data monetization – MCKINSEY
[4] Faster Insights from Faster Data – best practice report 2020 – TDWI
[5] Why Is Measurement of Data Management Maturity (DMM)SM So Important? – CMMI
Consultante Strategy, Governance & Transformation
Senior Consultant Strategy, Governance & Transformation